Les interventions au niveau du mode de vie, lorsqu'on les associe, assurent un maximum d'avantages pour la mémoire ; et elles pourraient contrebalancer des risques élevés d'Alzheimer causés par la génétique et la pollution
EXTRAITS DE LA CONFÉRENCE INTERNATIONALE 2019 DE L'ALZHEIMER'S ASSOCIATION
LOS ANGELES, 15 juillet 2019 /PRNewswire/ -- De nouvelles recherches communiquées lors de la Conférence internationale de l'Alzheimer's Association Conférence internationale de l'Alzheimer's Association 2019 à Los Angeles suggèrent que des choix de modes de vie sain – comprenant régime sain, exercice et stimulation cognitive – pourraient réduire le risque de déclin cognitif et de démence. Des chercheurs ont également trouvé que les modifications dans le mode de vie peuvent réduire ce risque même face à d'autres facteurs de risque, dont la composante génétique et la pollution, et procurer un avantage maximum sur la mémoire lorsqu'on les associe.
Cinq études de recherches communiquées à l'AAIC 2019 suggèrent que :
- L'adoption de quatre ou cinq facteurs de mode de vie sain réduisent le risque de démence d'Alzheimer de 60 % par rapport à l'absence d'adoption ou à l'adoption d'un seul facteur.
- Le respect d'un mode de vie sain peut contrebalancer le risque génétique lié à la maladie d'Alzheimer.
- Le fait de posséder une réserve cognitive plus élevée, édifiée par le biais d'une éducation institutionnelle et d'une stimulation cognitive, peut avoir des effets bénéfiques sur le vieillissement du cerveau en réduisant le risque de démence chez des personnes exposées à des niveaux élevés de pollution.
- Le tabagisme entre le début et le milieu de la vie adulte peut effectivement s'associer à un déficit cognitif vers le milieu de la vie, et ce dès la quarantaine.
- Les troubles liés à la consommation d'alcool accroissent de façon significative le risque de démence chez les femmes plus âgées.
« Alors qu'il n'existe aucune preuve de guérison ou de traitement pour l'Alzheimer, un important volume de recherches à présent laisse fortement penser que la combinaison d'habitudes saines favorise une bonne santé du cerveau et réduit votre risque de déclin cognitif, » a affirmé Dre Maria C. Carrillo, directrice scientifique de l'Alzheimer's Association. « Les recherches communiquées aujourd'hui à l'AAIC nous apportent des recommandations accessibles et que l'on peut mettre en pratique pour nous aider à vivre une existence plus saine. »
Pour déterminer si des changements de plusieurs composants du mode de vie peuvent protéger la mémoire et les capacités de pensée chez des personnes à risque, susceptibles de manifester une démence, l'Alzheimer's Association dirige aux États-Unis l'étude U.S. Study to Protect Brain Health Through Lifestyle Intervention to Reduce Risk (U.S. POINTER, Protéger la santé du cerveau grâce à une intervention sur le mode de vie afin de réduire le risque). L'U.S. POINTER est la première étude à examiner sur une grande échelle ces combinaisons d'interventions chez une population diverse basée aux États-Unis. Les interventions comportent l'exercice physique, le conseil et la modification portant sur la nutrition, la stimulation cognitive et sociale, et l'amélioration de l'autogestion de la santé. Cette étude est en cours dans cinq endroits aux États-Unis, et les premiers résultats sont attendus en 2023.
L'adoption de multiples éléments de mode de vie sain peut réduire le risque de démence
De plus en plus de recherches indiquent que l'adoption de plusieurs facteurs de mode de vie sains assure un bénéfice maximum pour la santé du cerveau et du corps. En faisant appel aux données du Chicago Health and Aging Project (CHAP, Projet de Chicago sur la santé et le vieillissement ; n = 1 431 sujets) et du Rush Memory and Aging Project (MAP, Projet Rush sur la mémoire et le vieillissement ; n = 920), Dr Klodian Dhana, médecin assistant professeur au Centre Rush de l'université médicale de Chicago et ses collègues ont examiné comment les modes de vie sains atténuent le risque de maladie d'Alzheimer. Les chercheurs se sont concentrés sur cinq facteurs de mode de vie à faible risque : un régime sain, un minimum de 150 minutes par semaine d'activité physique modérée à intense, une absence de tabac, une consommation d'alcool légère à modérée et un engagement dans des activités stimulantes au point de vue cognitif.
Durant un suivi en moyenne de neuf années dans le projet CHAP et de six ans dans le MAP, 293 (21 %) et 229 (25 %) cas de démence d'Alzheimer se sont déclarés. Chez les participants à l'étude ayant adopté quatre ou cinq facteurs de mode de vie à faible risque, les chercheurs ont trouvé un risque plus faible d'environ 60 % de démence d'Alzheimer quand on les compare à des participants qui n'ont suivi aucun ou qu'un seul facteur à faible risque. Les chercheurs ont trouvé que chez les participants ayant adopté un facteur supplémentaire de faible risque, quel que soit leur nombre actuel de facteurs, le risque de démence d'Alzheimer décroît de 22 % supplémentaires.
« Cette étude souligne l'importance de se soumettre à de multiples pratiques de mode de vie sain pour diminuer le risque de démence d'Alzheimer, » a expliqué Dhana. « Aux États-Unis, le respect d'un mode de vie sain est faible et par conséquent, la promotion de ces facteurs de style de vie saine devrait devenir l'objectif principal des politiques de santé publique. »
Un mode de vie sain pourrait neutraliser le risque génétique de démence
On sait que les risques génétiques augmentent le risque de maladie d'Alzheimer, mais on ne sait pas si ce risque peut être contrebalancé par un mode de vie sain. En exploitant les données de la Biobank au Royaume-Uni, concernant 196 383 adultes d'ascendance européenne âgés de 60 ans et plus, Dre Elżbieta Kuźma, chercheuse universitaire et son équipe à l'école médicale de l'université d'Exeter Medical School ont identifié 1 769 cas de démence sur une période médiane de suivi de huit ans. Les chercheurs ont regroupé les participants en risque génétique de démence élevé, moyen et faible, ainsi qu'en mode de vie favorable, intermédiaire et défavorable en fonction de leur régime, de leur activité physique, de leur consommation de tabac et d'alcool.
Pour évaluer le risque génétique, les chercheurs ont fait appel à un score de risque polygénique (PRS, 'polygenic risk score') reposant sur des études statistiques précédemment publiées sur la maladie d'Alzheimer associant l'ensemble du génome, et comprenant toutes les mutations associées à la maladie d'Alzheimer. Chaque facteur de risque a été pondéré en fonction de la force de sa corrélation avec l'Alzheimer. Pour la situation des modes de vie, les chercheurs ont considéré comme comportements sains une absence actuelle de tabagisme, une activité physique régulière, un régime sain et une consommation modérée d'alcool.
L'équipe de recherche a trouvé que les participants ayant un risque génétique élevé et un mode de vie défavorable présentaient une probabilité presque trois fois plus importante d'évolution de démence par rapport à ceux ayant un faible risque génétique et un mode de vie favorable (rapport de risque [HR] = 2,83, 95 % ; intervalle de confiance [IC] = 2,09-3,83, p < 0,001). Le risque de démence toutes causes confondues a été trouvé 32 % plus faible chez les participants ayant un risque génétique élevé et suivant un mode de vie favorable, par comparaison à ceux au mode de vie défavorable (HR = 0,68, 95 % ; IC = 0,51-0,90, p = 0,008). Il n'a pas été trouvé que les facteurs génétiques modifient de façon significative la relation entre mode de vie sain et risque de démence.
Cette recherche est passionnante, car elle démontre qu'il existe des choses que nous pouvons mettre en pratique pour essayer de compenser le risque génétique de démence, » a déclaré Kuźma. « Dans notre étude, l'observation d'un mode de vie sain a été associée à un risque réduit de démence indépendamment du risque génétique. »
La réserve cognitive pourrait être une protection contre les atteintes cérébrales occasionnées par la pollution de l'air
Des recherches antérieures permettent de penser que le fait de vivre dans des endroits où la pollution extérieure de l'air est élevée— notamment avec dans l'air d'infimes particules ou gouttelettes désignées sous le terme de matière particulaire fine — s'associe à une plus forte probabilité d'Alzheimer ou autres formes de démence, et que cette pollution peut provoquer des lésions et un rétrécissement du cerveau. La recherche a également montré que les atteintes cérébrales causées par l'Alzheimer ne provoquent pas le même degré de déficit cognitif chez toutes les personnes atteintes de la maladie. Ceci pourrait s'expliquer par la « réserve cognitive » qui est la capacité du cerveau à remédier à l'impact négatif de l'atteinte cérébrale sur la cognition.
Dans cette nouvelle recherche communiquée lors de l'AAIC 2019, Dre Diana Younan, titulaire d'une maîtrise en santé publique, chercheuse associée principale de l'université de Californie du Sud et ses collègues ont examiné une population de femmes âgées de 65 à 79 ans dans le cadre de l'étude sur la mémoire de la Women's Health Initiative (n = 6 113), non atteintes de démence au moment de leur enrôlement. Il s'agissait de voir si la réserve cognitive affectait la relation entre l'exposition à la pollution extérieure de l'air et le risque d'Alzheimer. Les participantes à l'étude ont été regroupées en réserve cognitive faible ou élevée selon des notes de fonctionnalité cognitive, d'années d'éducation, de situation professionnelle et d'activité physique. Elles ont été suivies pendant 14 années et testées annuellement par rapport à la démence. Les chercheurs ont utilisé une modélisation mathématique pour estimer les niveaux de pollution extérieure de l'air au domicile de chacune des participantes.
L'étude a confirmé que le fait de vivre dans des endroits où la pollution de l'air est élevée augmente le risque d'Alzheimer et d'autres démences. Plus particulièrement, des femmes plus âgées présentant une réserve cognitive plus élevée ont manifesté une augmentation de risque de seulement 21 % à cause de la pollution de l'endroit, par rapport à 113 % d'augmentation de risque écologique chez celles ayant une réserve cognitive plus basse.
« Notre étude a montré que la participation à des activités stimulantes au point de vue physique et mental constitue un élément important de la réserve cognitive, et que le bienfait qui en résulte peut offrir une protection contre les lésions cérébrales causées par la pollution extérieure de l'air vers la fin de la vie, » a commenté Younan.
Fumer peut réduire la fonction cognitive dès le milieu de la vie
Fumer peut être un facteur de risque pour le vieillissement cognitif, mais peu d'études ont examiné comment les parcours du fumeur au long de la vie sont liés plus tard à la fonction cognitive. Dans une nouvelle recherche de Dre Amber Bahorik, titulaire d'une maîtrise en travail social, chercheuse postdoctorale de l'université de Californie et une équipe dirigée par Kristine Yaffe, docteure en médecine, chercheuse principale de l'étude, les parcours de fumeur chez des adultes de l'étude de l'Évolution du risque sur l'artère coronaire chez les jeunes adultes (CARDIA) (n = 3 364 ; âge moyen 50,1 ± 3,6) ont été examinés sur plus de 25 ans afin de déterminer leur lien avec la fonction cognitive.
Les chercheuses ont trouvé que par rapport aux non-fumeurs, les 'gros fumeurs stables' présentaient une probabilité de déficit cognitif 1,5 à 2,2 fois plus élevée par rapport aux 'lâcheurs' et aux fumeurs 'minimes stables' pour lesquels le risque n'était pas accru. Elles ont également trouvé qu'une exposition cumulative au tabagisme chez des personnes qui ont fumé un paquet par jour pendant plus de dix années s'associait à une fonction cognitive faible. Des déficits cognitifs ont été observés chez des fumeurs dès la quarantaine.
« Nos constatations démontrent que le tabagisme au début et au milieu de la vie adulte peut être associé à un déficit cognitif beaucoup plus tôt que ce que nous attendions, » a assuré Bahorik. « Ceci vient s'ajouter à un volume de preuves déjà abondant selon lesquelles le tabagisme permanent a des impacts négatifs sur plusieurs fonctions de la santé et ceci souligne qu'arrêter est bénéfique à plusieurs égards. »
Les troubles liés à la consommation d'alcool chez les anciennes combattantes augmentent le risque de démence
Les troubles liés à la consommation d'alcool (AUD, 'alcohol use disorder') constituent le trouble de dépendance le plus répandu parmi le personnel militaire et c'est une épidémie grandissante chez les femmes selon le Comité sur la prévention, le diagnostic et le traitement et la gestion des troubles de dépendance aux substances chez les forces armées des États-Unis. Les Instituts nationaux de la santé (NIH) caractérisent l'AUD par une consommation compulsive d'alcool, une perte de contrôle sur sa consommation d'alcool et un état de manque en absence de consommation. On estime que 16 millions d'Américains en souffrent. Une équipe où figurent encore Dre Bahorik et Dre Yaffe de l'université de Californie à San Francisco a étudié comment l'AUD peut augmenter le risque de démence chez les anciennes combattantes.
Entre octobre 2004 et septembre 2015, les chercheuses ont étudié 2 207 anciennes combattantes avec AUD, et 2 207 anciennes combattantes sans AUD âgées de plus de 55 ans dans les centres médicaux de l'Administration de la santé pour les vétérans ; ces femmes étaient toutes exemptes de démence au départ. Pendant une période de suivi moyenne de 3,6 années, de la démence s'est manifestée chez 4 % des anciennes combattantes avec AUD, par rapport à 1 % chez celles sans AUD. Après ajustement pour données démographiques, conditions psychiatriques et maladies concomitantes, les femmes avec AUD présentaient un accroissement de risque de développement de démence plus de trois fois supérieur par rapport aux femmes sans AUD.
« Cette étude souligne la nécessité de prendre en considération la consommation d'alcool, en particulier les troubles de dépendance à l'alcool, lorsque l'on évalue les profils à risque de démence, » a fait remarquer Bahorik. « Ceci souligne également les besoins en programmes et en services afin de répondre aux problèmes grandissants à la fois d'AUD et de démence chez les femmes plus âgées. »
À propos de l'AAIC
La Conférence internationale de l'Alzheimer's Association (AAIC) constitue le plus grand rassemblement mondial de chercheurs venus de tous les points du globe pour se focaliser sur l'Alzheimer et autres démences. Dans le cadre du programme de recherches de l'Alzheimer's Association, l'AAIC sert de catalyseur à la génération de nouvelles connaissances sur la démence et à l'encouragement d'une communauté fondamentale et collégiale de recherche.
Page d'accueil de l'AAIC 2019 : www.alz.org/aaic/
Salle de presse de l'AAIC 2019 : www.alz.org/aaic/pressroom.asp
À propos de l'Alzheimer's Association ®
L'Alzheimer's Association est la plus importante organisation de volontaires de la santé pour les soins, l'assistance et la recherche dans le domaine de l'Alzheimer. Notre mission est d'éliminer la maladie d'Alzheimer grâce aux progrès de la recherche, d'assurer et d'améliorer les soins et l'assistance auprès des personnes affectées, et de réduire les risques de démence par la promotion de la santé du cerveau. Notre vision est celle d'un monde sans Alzheimer. Visitez alz.org ou appelez le 800.272.3900.
- Klodian Dhana, MD, PhD, et al. Impact of Healthy Lifestyle Factors on the Risk of Alzheimer's Dementia; Findings from Two Prospective Cohort Studies. (Funded by the National Institute on Aging) [Impact de facteurs de modes de vie sains sur le risque de démence d'Alzheimer ; conclusions de deux études prospectives par cohortes (financé par l'Institut national du vieillissement)]
- Elzbieta Kuzma, PhD, et al. Genetic Risk, Lifestyle and Dementia. (Funder(s): James Tudor Foundation; Mary Kinross Charitable Trust; Halpin Trust; National Institute for Health Research (NIHR) Collaboration for Leadership in Applied Health Research and Care for the South West Peninsula (PenCLAHRC); National Health and Medical Research Council, Australia; National Institute on Aging/National Institutes of Health (NIA/NIH); Alan Turing Institute under the Engineering and Physical Sciences Research Council (EPSRC)) [Risque génétique, style de vie et démence (financement(s) : James Tudor Foundation ; Mary Kinross Charitable Trust ; Halpin Trust ; Institut national pour la recherche en santé (NIHR) ; Collaboration pour le leadership en recherche appliquée et en soins de santé dans la péninsule du sud-ouest de l'Angleterre (PenCLAHRC) ; Conseil national de la santé et de la recherche médicale d'Australie (NIA/NIH) ; Institut Alan Turing sous l'égide du Conseil de recherches en ingénierie et sciences physiques (EPSRC)]
- Diana Younan, PhD, MPH, et al. Heterogeneity in the Increased Risk for Alzheimer's Disease and Related Dementias Associated with Fine Particle Exposure: Exploring the Role of Cognitive Reserve. (Funded by the National Institute of Environmental Health Sciences with data generated by a grant from the National Institute on Aging) [Hétérogénéité dans l'accroissement du risque de maladie d'Alzheimer et de démences apparentées associées à l'exposition aux particules fines : exploration du rôle de la réserve cognitive. (financé par l'Institut national des sciences de la santé environnementale, avec des données générées sur une bourse de l'Institut national du vieillissement)]
- Amber Bahorik, PhD, et al. Early Adult to Mid-Life Cigarette Smoking and Cognitive Function: Findings from the Cardia Study. (Funder: U.S. National Institutes of Health) [Le tabagisme du début jusqu'au milieu de la vie adulte, et fonction cognitive : conclusions de l'étude de l'Évolution du risque sur l'artère coronaire chez les jeunes adultes (CARDIA) (financement : Institut national de la santé des États-Unis)]
- Amber Bahorik, PhD, et al. Alcohol Use Disorders in Female Veterans and the Impact on Dementia Risk. (Funder: U.S. Department of Defense) [Troubles liés à la consommation d'alcool chez les anciennes combattantes et impact du risque de démence (financement : département de la Défense des États-Unis)]
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