Les îles Australes souhaitent devenir la plus grande réserve marine du monde
PAPEETE, Tahiti, le 6 avril 2016 /PRNewswire/ --Les communes des îles Australes ont présenté ce jour au gouvernement de la Polynésie française leur proposition de créer un sanctuaire marin dans les eaux de leur archipel. Cette réserve, avec une superficie de 1 million de kilomètres carrés, deviendrait la plus grande réserve marine du monde. Les habitants de ces îles souhaitent que cette réserve contribue à maintenir des stocks de poissons en bon état afin de nourrir leurs familles et de soutenir la pêche locale. Les îles Australes possèdent un des écosystèmes marins les plus sains de la planète, en partie du fait de la pratique de mesures traditionnelles de préservation de l'environnement.
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La réserve proposée s'appellerait Rāhui Nui Nō Tuha'a Pae, ou « le grand rāhui des îles Australes », en référence à la pratique ancestrale polynésienne du rāhui qui limite l'exploitation d'une zone ou d'une ressource naturelle afin de favoriser sa régénération. Le conseil des sages de l'île de Rapa, la plus au sud de l'archipel, est à l'origine de ce nom. Les sages représentent l'autorité morale traditionnelle de l'île et sont à ce titre perçus comme les détenteurs de la tradition du rāhui.
Un rāhui est pratiqué sur l'île de Rapa pour protéger les espèces marines côtières. Mais, face à la diminution des ressources du large, les communautés locales perçoivent désormais l'importance de protéger les espèces pélagiques en appliquant la même méthode à une plus grande échelle.
« Dans les années 1980, nous avons constaté un déclin des poissons le long de nos côtes, suite à l'arrivée des techniques de pêche moderne, mais aussi des réfrigérateurs et des congélateurs dans notre île », déclare Tuanainai Narii, maire de Rapa. « Nous avons alors décidé de rétablir un rāhui côtier qui a permis de ramener nos stocks de poissons à des niveaux plus sains. Désormais, nous voyons ce qui se passe dans le Pacifique et nous nous rendons compte qu'il faut élargir ces mesures pour préserver les stocks de poissons pélagiques. C'est pourquoi nous demandons la création de cette réserve marine qui sera un grand rāhui pour le large. »
Les stocks de poissons s'effondrent dans le Pacifique et les principales espèces commerciales sont surexploitées. Par exemple, les populations de thon obèse ont chuté de 84 %. Les îles Australes, avec une pêche hauturière encore très limitée, sont un des derniers réservoirs de poissons encore préservés dans le Pacifique.
Les habitants des Australes ont identifié quatre objectifs principaux pour la réserve proposée : préserver les habitats et les ressources marines sur le long terme, soutenir la pêche côtière, valoriser le patrimoine culturel de l'archipel pour développer l'écotourisme et enfin, sensibiliser la population à l'importance de la préservation des ressources marines.
En 2014, les conseils municipaux des îles ont approuvé une délibération appelant à la « création d'une grande réserve marine dans la zone économique exclusive des Australes au-delà des zones de pêche traditionnelle des îles ». Par la suite, une proposition détaillée a été élaborée par les municipalités des îles Australes, avec le soutien de la Fédération des associations de protection de l'environnement polynésienne (FAPE) et The Pew Charitable Trusts, et a été soumise au gouvernement de la Polynésie française par la FAPE aujourd'hui.
« Il était très important de consulter toute la population afin de savoir ce que souhaitent les gens pour les eaux de leurs îles. Grâce à des réunions et des entretiens réalisés dans chaque village de chaque île, tout le monde a pu participer au processus. La réserve marine proposée est véritablement le fruit d'un effort communautaire, par et pour la population des îles Australes », déclare Frère Maxime, personnalité influente en Polynésie française et vice-président de la FAPE.
Les îles Australes forment l'archipel le plus au sud de la Polynésie française. Environ 6 800 personnes vivent sur les cinq îles habitées de l'archipel : Rimatara, Rurutu, Tubuai, Raivavae et Rapa. En raison de l'isolement de ces îles, un grand nombre d'espèces vivant dans les eaux de l'archipel ne se trouvent nulle part ailleurs. Ainsi, plus de 20 % – soit 98 espèces – des 455 espèces de mollusques qui y vivent sont endémiques. L'archipel héberge également 3 espèces de tortues marines, 10 espèces de mammifères marins, 14 espèces de requins, 4 espèces de raies, 60 espèces de poissons pélagiques et 23 espèces d'oiseaux marins. L'île de Rurutu est un des meilleurs sites au monde pour observer les baleines à bosse. Le lagon turquoise et les 28 îlots coralliens de Raivavae sont une véritable merveille de la nature.
Moins de 2 % de la pêche industrielle de Polynésie française s'effectue dans les eaux des îles Australes, soit un total d'environ 90 tonnes par an. Les pêcheurs locaux emploient des méthodes traditionnelles pour subvenir aux besoins en nourriture des îles, en se servant de petits bateaux de moins de 10 mètres de long. Dans le projet de réserve marine proposé, la pêche artisanale resterait autorisée jusqu'à 20 milles marins autour de chaque île, ce qui correspond à la zone utilisée par les pêcheurs locaux qui se rendent rarement en dehors de cette zone.
« La Polynésie française possède déjà le plus grand sanctuaire de requins et de mammifères marins du monde. La création de cette grande réserve marine aux Australes permettrait au Pays de confirmer son statut de leader mondial en matière de conservation des océans », indique Jérôme Petit, qui dirige le projet « Héritage mondial des océans » mené par Pew en Polynésie française. « Une réserve marine de cette importance renforcerait aussi l'élan initié par les gouvernements insulaires du Pacifique pour protéger leurs eaux et lutter contre le déclin des stocks halieutiques menacés. »
En 2015, plusieurs réserves marines hautement protégées ont été créées dans l'océan Pacifique, couvrant ainsi presque 5 millions de kilomètres carrés de protection, avec la désignation du sanctuaire marin national des Palaos, du parc marin de l'île de Pâques, de la réserve marine des îles Pitcairn et du sanctuaire océanique des Kermadec. Pourtant, en dépit de ces succès, seuls 2 % de l'océan de la planète sont protégés à l'heure actuelle.
La Polynésie française s'est engagée en 2013 à protéger au moins 20 % de ses eaux d'ici à 2020. La création de cette réserve marine lui permettrait de remplir cet engagement et de contribuer à atteindre les objectifs de la communauté scientifique internationale qui recommande la protection d'au moins 30 % des habitats marins de la planète.
Contact médias :
Tuanainai Narii, maire de l'île de Rapa, +689 40 957 272
À Washington : Andrea Risotto, [email protected]
À Papeete : Jérôme Petit +689 87 222 560, [email protected]
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