- Des travaux de recherche novateurs ont permis de déterminer que les os canins découverts dans le site funéraire au nord-ouest de l'Arabie saoudite dataient de 4200 à 4000 AEC.
- Les travaux menés sur place montrent que les anciens habitants de la région constituaient une société plus complexe qu'on ne le croyait auparavant, avec de multiples inhumations sur des centaines d'années dans des monuments bien en vue marquant le paysage
AL'ULA, Arabie Saoudite, 27 mars 2021 /PRNewswire/ -- Une équipe d'archéologues a découvert, au nord-ouest de l'Arabie saoudite, les premières preuves de la domestication des chiens par les anciens habitants de la région.
La découverte a eu lieu lors de l'un des projets de relevé et de fouille archéologiques à grande échelle de la région commandés par la Commission royale pour Al'Ula (RCU).
Les chercheurs ont trouvé les ossements du chien dans un lieu de sépulture qui est l'une des plus anciennes tombes monumentales identifiées en Arabie, à peu près contemporaine de tombes déjà datées, plus au nord au Levant.
Les preuves montrent que la première utilisation du tombeau avoisine 4300 avant l'ère commune (AEC). Des sépultures ont été accueillies dans ce tombeau pendant au moins 600 ans au cours de l'ère néolithique-chalcolithique, ce qui indique que les habitants ont pu avoir une mémoire commune des personnes, des lieux et des liens entre eux.
« Ce que nous découvrons révolutionnera notre façon de voir les périodes comme le néolithique au Moyen-Orient. Que les habitants aient eu ce genre de mémoire, qu'ils aient su peut-être depuis des centaines d'années où leurs proches ont été enterrés, c'est du jamais vu à cette époque, dans cette région », a déclaré Melissa Kennedy, directrice adjointe du projet AAKSAU (Aerial Archaeology in the Kingdom of Saudi Arabia – AlUla project).
« Actuellement, nous commençons à réaliser à quel point Al'Ula a été un lieu important pour le développement de l'humanité à travers le Moyen-Orient », a déclaré le directeur d'AAKSAU, Hugh Thomas.
Il s'agit de la première preuve attestant de la domestication d'un chien en Arabie, avec une marge d'environ 1000 ans.
Les résultats sont publiés dans le Journal of Field Archaeology.
L'équipe du projet, constituée de membres saoudiens et internationaux, a concentré ses efforts sur deux sites de sépulture en surface datant des 5e et 4e millénaires AEC et situés à 130 kilomètres l'un de l'autre, l'un dans de hautes terres volcaniques et l'autre, dans des badlands arides. Les sites étaient au-dessus du sol, ce qui est unique pour cette période de l'histoire arabe, et ont été positionnés pour une visibilité maximale.
L'équipe de recherche a repéré les sites à l'aide d'images satellites, puis avec des photographies aériennes prises à partir d'un hélicoptère. Le travail sur le terrain a commencé à la fin de l'année 2018.
C'est sur le site des hautes terres volcaniques que 26 fragments d'os appartenant à un même chien ont été découverts, ainsi que des os de 11 êtres humains – six adultes, un adolescent et quatre enfants.
Les os du chien montraient des signes d'arthrite, ce qui suggère que l'animal a vécu avec les êtres humains jusqu'à un âge moyen ou avancé.
Après avoir assemblé les os, l'équipe a dû déterminer qu'ils provenaient d'un chien et non d'un animal similaire, comme un loup du désert.
La zooarchéologue de l'équipe, Laura Strolin, a pu montrer qu'il s'agissait bien d'un chien en analysant un os en particulier, provenant de la patte avant gauche de l'animal. La largeur de cet os était de 21,0 mm, un chiffre situé dans la plage de valeurs définie pour d'autres chiens du Moyen-Orient ancien. En comparaison, chez les loups qui vivaient dans la région à l'époque, le même os avait une largeur de 24,7 à 26 mm.
La datation a permis de déterminer l'âge des os, qui se situe approximativement entre 4200 et 4000 AEC.
L'art rupestre découvert dans la région indique que les habitants du Néolithique utilisaient des chiens pour chasser les bouquetins, les ânes sauvages ainsi que d'autres animaux.
Le travail sur le terrain a permis de découvrir d'autres artefacts remarquables, notamment un pendentif en nacre en forme de feuille sur le site des hautes terres volcaniques et une perle cornaline trouvée sur le site aride des badlands.
Les chercheurs s'attendent à faire d'autres découvertes à l'avenir à la suite de l'étude à grande échelle de l'air et sur le terrain et des multiples fouilles ciblées dans la région Al'Ula entreprises par l'AAKSAU et d'autres équipes, qui travaillent sous les auspices de la Commission royale pour Al'Ula (RCU). L'équipe d'AAKSAU est dirigée par des chercheurs de l'Université d'Australie-Occidentale, située à Perth, en Australie.
Les chercheurs notent qu'Al'Ula est une zone largement inexplorée située dans une partie du monde qui possède un patrimoine archéologique riche, de valeur mondiale reconnue.
« Cet article des travaux de la RCU à Al'Ula établit des points de référence. Et c'est loin d'être tout ! Nous continuons de mettre à jour la profondeur et l'étendue du patrimoine archéologique de la région », a déclaré Rebecca Foote, directrice des recherches archéologiques et relatives au patrimoine culturel de la RCU.
D'autres aspects de l'activité archéologique intensive à Al'Ula seront révélés dans le nouveau documentaire Architects of Ancient Arabia de Discovery Channel, qui sera diffusé pour la première fois le 31 mars.
Cela reflète l'engagement de la Commission royale pour Al'Ula de mettre en valeur l'histoire et le patrimoine du comté, de transformer Al'Ula et d'en faire le plus grand musée vivant au monde, conformément aux objectifs du plan Vision 2030 du gouvernement saoudien.
À propos d'Al'Ula Situé à 1 100 km de Riyad dans le nord-ouest de l'Arabie saoudite, Al'Ula est un lieu de patrimoine naturel et humain extraordinaire. Dans ce vaste territoire, qui s'étend sur 22 561 km², se trouve une vallée avec une oasis luxuriante, des montagnes de grès imposantes et d'anciens sites du patrimoine culturel datant de milliers d'années.
Le site reconnu le plus célèbre d'Al'Ula est Hegra, le premier site du patrimoine mondial de l'UNESCO en Arabie saoudite. Ancienne ville de 52 hectares, Hegra était la principale ville du sud du royaume nabatéen et comprend près de 100 tombes bien conservées avec des façades élaborées, taillées dans les affleurements de grès. Les recherches actuelles suggèrent que Hegra était l'avant-poste le plus méridional des Romains après leur conquête des Nabatéens en l'an 106 de l'ère commune (EC).
Outre Hegra, Al'Ula abrite une série de sites historiques et archéologiques fascinants tels que : l'ancienne ville de Dadan, la capitale des royaumes de Dadan et de Lihyân, qui est considérée comme l'une des villes les plus développées du 1er millénaire avant notre ère de la péninsule arabique ; des milliers de sites et d'inscriptions d'art rupestre anciens ; et les gares du Hedjaz.
À propos de la Commission royale pour Al'Ula La Commission royale pour Al'Ula (RCU) a été créée par décret royal en juillet 2017 pour préserver et développer Al'Ula, une région d'une importance naturelle et culturelle exceptionnelle, située dans le nord-ouest de l'Arabie saoudite. Le plan à long terme de la RCU décrit une approche responsable, durable et sensible du développement urbain et économique, qui préserve le patrimoine naturel et historique de la région, tout en faisant d'Al'Ula un endroit où il fait bon vivre et travailler, et qu'il est agréable de visiter. Ce plan englobe un large éventail d'initiatives dans les domaines de l'archéologie, du tourisme, de la culture, de l'éducation et des arts, et reflète un engagement à mettre en œuvre une diversification économique, et à favoriser l'autonomisation des communautés locales, ainsi que les priorités de préservation du patrimoine du programme Vision 2030 du Royaume d'Arabie saoudite.
Autres travaux de développement de la RCU Au cours des trois dernières années, la RCU a mené d'autres travaux de développement avec de multiples partenaires dans le monde. Sont notamment inclus l'augmentation de la capacité de l'aéroport Al'Ula de 300 % et la construction de Maraya, le lieu de conférence et de divertissement polyvalent primé. Le Maraya de 500 places, le plus grand bâtiment à miroir au monde, a accueilli des événements internationaux de premier plan, comme la Conférence des lauréats du prix Nobel de Hegra et le festival culturel Winter at Tantora, qui a mis en vedette des artistes comme Andrea Bocelli et Lang Lang. En outre, les projets d'hôtellerie déjà annoncés incluent le développement de complexes de luxe en partenariat avec Accor, Habitas, Aman et Jean Nouvel.
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