L'Energy Transitions Commission (ETC) appelle à une réduction rapide de la demande et de la production d'énergies fossiles
LONDRES, 20 novembre 2023 /PRNewswire/ -- Selon le dernier rapport de l'ETC, Fossil Fuels in Transition: Committing to the phase-down of all fossil fuels, il faut dès maintenant réduire considérablement la consommation mondiale de charbon, du pétrole et du gaz d'ici 2050.
Il sera impossible d'atteindre les objectifs de l'accord de Paris (COP21) sans que les émissions nettes des combustibles fossiles ne soient réduites à zéro d'ici 2050. Et le temps presse pour atteindre ces objectifs. La COP28 doit donc obtenir un accord mondial sur la réduction rapide de l'offre et la demande de toutes les énergies fossiles.
Réduire la production et la consommation de combustibles fossiles, et pas seulement les émissions liées à leur production
Les émissions de gaz à effet de serre (GES) liées aux énergies fossiles sont de 38 GtCO2e,1 dont 6 Gt résultent de leur production, transformation et transport. Ces émissions « scope 1 et 2 » peuvent et doivent être réduites rapidement: de 55% d'ici 2030 pour le CO2 et de 70% d'ici 2030 pour le méthane.
Mais plus de 80 % des émissions liées aux énergies fossiles (soit ± 31,5 Gt en 2022) résultent de leur combustion lors de leur utilisation. Il est donc également essentiel de diminuer rapidement la consommation et la production mondiale. D'ici 2050, la consommation de charbon, gaz et pétrole peut et doit diminuer de 80-85%, 55-70% et 75-95% respectivement par rapport à 2022. Cette diminution peut et doit commencer dès maintenant, avec une baisse de la consommation de charbon de l'ordre de 15-30%, du gaz de 15-20% et du pétrole de 5-15% d'ici 2030.
« Toute stratégie sérieuse pour lutter contre le réchauffement climatique doit comprendre des engagements pour réduire l'utilisation et la production de combustibles fossiles. Les réductions drastiques des émissions scope 1 et 2 sont d'une importance capitale, mais si les accords de la COP28 se limitent à ces émissions, cela ne suffira pas à limiter la hausse de la température moyenne globale à 1,5 °C ou même 1,7 °C », a déclaré Adair Turner, Président de l'ETC.
Le progrès technique permet des avancées rapides – mais doit être soutenu par des politiques fortes
Selon le rapport, cette réduction de la consommation d'énergies fossiles est possible d'un point de vue technique et financier. Les technologies clés, notamment les énergies renouvelables, les batteries, les véhicules électriques et les pompes à chaleur, progressent plus rapidement que prévu et se substituent déjà la demande de combustibles fossiles dans de nombreuses régions du monde. Les feuilles de route de décarbonation de la quasi-totalité des secteurs de l'économie sont désormais connues (y compris l'industrie lourde et le transport longue distance).
Par conséquent, la consommation d'énergies fossiles commencera bientôt à décliner dans plusieurs secteurs. Par exemple, 15 millions de ventes de véhicules électriques (soit 20% du marché mondial) devraient être atteintes en 2023, et 40 % des ventes de nouvelles voitures en Chine devraient être électriques.2 La demande de pétrole pour le transport routier commencera bientôt à baisser, et pourrait diminuer de 40 à 60 % d'ici 2040.
Toutefois, parvenir à des niveaux de réduction permettant de limiter le réchauffement climatique à 1,5°C, voire à 1,7°C, nécessitera des politiques environnementales plus ambitieuses pour accélérer le déploiement des technologies bas-carbone et des infrastructures associées. Ces politiques incluent la taxation du carbone, le soutien au déploiement des nouvelles technologies et énergies bas carbone, et l'interdiction de vendre des biens fonctionnant aux énergies fossiles au-delà de certaines dates, tels que les moteurs thermiques ou les chaudières à gaz.
La capture et les puits de carbone sont vitaux, mais ne peuvent justifier le maintien de la consommation d'énergies fossiles
Le captage, l'utilisation et le stockage du carbone (CCUS) seront nécessaires pour atteindre l'objectif de décarbonation dans certains secteurs où il n'existe pas d'alternative viable (p.ex., dans le secteur du ciment), mais en 2050, le volume total annuel de CCUS ne sera que de 4 Gt. Pour limiter l'augmentation de la température moyenne mondiale à 1,5 °C, la réduction drastique de la consommation d'énergies fossiles devra être couplée à l'absorption cumulée de 150 GtCO2 par les puits de carbone. Cette élimination des émissions résiduelles inévitables doit donc complémenter, et non remplacer, la réduction rapide et drastique de la demande de combustibles fossiles.
L'emploi du CCUS et des émissions négatives ne peut justifier le maintien du statu quo dans la production de combustibles fossiles, et il n'est ni prudent, ni crédible, d'envisager un rôle plus important de ces solutions. Tout scénario prévoyant des volumes de CCUS et d'émissions négatives plus important pour justifier le maintien de la production d'énergies fossiles ne peut être compatible avec nos objectifs climatiques.
Diminuer le financement des combustibles fossiles
Le rapport montre que pour limiter le réchauffement climatique à 1,5 °C, 65 % des réserves de pétrole et de gaz et 90 % des réserves de charbon doivent rester dans le sol. Toute stratégie nationale s'appuyant sur l'exploitation de l'intégralité de ses réserves fossiles est incompatible avec nos engagements climatiques. Il n'est donc pas nécessaire d'explorer de nouveaux gisements de pétrole ou de gaz.
Par conséquent, les investissements dans les énergies fossiles doivent considérablement diminuer, de l'ordre de 30-35 % d'ici 2030 et de 45-65 % d'ici 2040. Le développement d'une quantité limitée des réserves prouvées de pétrole et de gaz est nécessaire pour répondre à la demande à court-terme, mais celle-ci est nettement inférieure à celle prévue par les différents gouvernements.
« Nous disposons des technologies nécessaires à la transition vers la neutralité carbone, et comme le montre ce rapport, ces technologies sont déployées rapidement - le pic de la demande de combustibles fossiles est proche. Cela met en évidence les risques réels encourus par ceux qui continuent à miser sur un avenir basé sur les énergies fossiles. Mais cela démontre aussi qu'il est plus intéressant de financer ceux qui ont des plans de transition vers un avenir énergétique plus propre. Pour respecter les engagements de neutralité carbone et les objectifs des Accords de Paris, les gouvernements doivent impérativement établir une politique et une réglementation claires visant la sortie progressive des énergies fossiles et la mise en place des infrastructures nécessaires. Plus les politiques climatiques seront crédibles et proactives, plus les investisseurs seront prêts à les financer, créant ainsi un cercle vertueux d'investissements à grande échelle, de décarbonation accélérée, de création d'emplois et de croissance plus rapide. », a déclaré Mark Carney, envoyé spécial des Nations Unies pour le financement de l'action climatique.
Principales recommandations :
1. La COP28 doit obtenir un engagement mondial en faveur d'une réduction rapide de l'utilisation des combustibles fossiles et veiller à ce que toute consommation résiduelle d'ici le milieu du siècle soit compensée par le captage ou l'élimination du carbone.
2. Les gouvernements doivent :
a. Mettre en place des politiques visant à réduire la demande en combustibles fossiles en ligne avec les scénarios présentés dans ce rapport.
b. Rejeter l'idée que la totalité des réserves nationales de combustibles fossiles doit être exploitée.
c. Refuser d'approuver toute demande d'extension de la capacité d'extraction de charbon.
d. Limiter toute nouvelle exploitation de gisements de pétrole ou de gaz existants aux besoins strictement nécessaires.
3. Toutes les entreprises du secteur des énergies fossiles doivent s'engager à atteindre la neutralité carbone d'ici le milieu du siècle pour leurs émissions de scope 1, 2 et 3 (autrement dit, doivent supprimer progressivement toute énergie fossile non compensée d'ici 2050) et doivent s'engager à atteindre cet objectif en grande partie en réduisant la production de combustibles fossiles.
4. Les institutions financières doivent cesser de financer les projets de prospection ou d'extension d'extraction de charbon, et doivent restreindre fortement le financement de l'exploitation pétrolière ou gazière à court terme. Elles doivent s'engager à réduire les « émissions financées » selon le rythme imposé par l'objectif de limitation du réchauffement planétaire à 1,5 °C.
« Alors que les dirigeants mondiaux s'apprêtent à se réunir à la COP28, les entreprises de toutes tailles, de tous secteurs et de toutes régions envoient un signal clair au marché à travers la campagne Fossil to Clean et demandent de s'attaquer à la première cause du changement climatique : la combustion des combustibles fossiles. Elles agissent pour passer des énergies fossiles à des solutions propres et elles appellent à un leadership politique audacieux pour sortir progressivement des énergies fossiles et passer à un système énergétique mondial propre », a commenté María Mendiluce, présidente de la coalition We Mean Business.
Le rapport Fossil Fuels in Transition a été élaboré en collaboration avec les membres de l'ETC issus de l'industrie, des institutions financières et de la protection de l'environnement. L'ETC est une coalition mondiale de leaders du secteur de l'énergie, qui s'est engagée à atteindre l'objectif Net Zéro d'ici le milieu du siècle, et qui compte parmi ses membres Arcelor Mittal, BP, HSBC, Iberdrola, Legal & General, Schneider Electric, Shell, SSAB, Tata Steel, Vattenfall, Volvo, Worley et Ørsted.
Ce rapport représente la vision collective de l'Energy Transitions Commission. Les membres de l'ETC approuvent l'orientation générale des arguments exposés dans ce rapport, mais ne soutiennent pas nécessairement la totalité des conclusions ou recommandations. Il n'a pas été demandé aux institutions auxquelles les commissaires sont affiliés d'approuver officiellement le rapport.
Le rapport est consultable dans sa version complète à l'adresse : https://www.energy-transitions.org/publications/fossil-fuels-in-transition/
Notes aux rédactions
Pour en savoir plus sur l'ETC, rendez-vous sur le site : https://www.energy-transitions.org
Pour lire le rapport complet, le résumé et les infographies, consultez le site : https://www.energy-transitions.org/publications/fossil-fuels-in-transition/
1 En 2022, les émissions de CO2 et de méthane (CH4) découlant de la production, du transport et de la consommation de combustibles fossiles s'élevaient respectivement à 34,2 Gt et 124 Mt. Le potentiel de réchauffement global (PRG) est le pouvoir réchauffant d'un gaz, rapporté au pouvoir réchauffant de la même masse de dioxyde de carbone. Il dépend de la période considérée ; ainsi sur une période de 100 ans, le méthane est 30 fois plus élevé que l'équivalent CO2, mais 82,5 fois sur une période de 20 ans. 124 Mt de méthane correspondent donc à 3,7 Gt de CO2 sur 100 ans. Les émissions totales liées aux combustibles fossiles s'élèvent donc à 37,9 Gt (soit 34,2 + 3,7) sur cette même période. Source : GIEC (2021), Changements climatiques 2021 – Les éléments scientifiques. Contribution du groupe de travail I au sixième Rapport d'évaluation du Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat (GIEC).
2 BNEF (2023), Perspectives long-terme pour les véhicules électriques.
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