PARIS, 29 juin 2021 /PRNewswire/ -- Selon une enquête récente portant sur la rémunération et la satisfaction professionnelle des praticiens français[1], 15% d'entre eux envisagerait de quitter la France pour exercer à l'étranger. Mais quelles sont les raisons qui poussent les médecins à quitter la France ? En quoi ce départ a-t-il changé leur pratique et leur condition de travail ? Medscape a échangé avec un panel de médecins pour comprendre leurs motivations et leurs expériences.
Des conditions de travail difficiles, menant à l'expatriation
Les médecins français déclarent assister à une dégradation des conditions de travail de manière continue. Les principales causes pointées du doigt sont la lourdeur des tâches administratives et la diminution constante des ressources humaines. « Avant de quitter la France, j'avais dû, pour retrouver un équilibre, abandonner la recherche et l'enseignement après 6 années de pratique pour me concentrer uniquement sur les soins, un réel déchirement pour moi. Les structures hospitalières ne sont pas conscientes de ce qu'elles demandent aux employés » explique le Dr Benoît R.[2], médecin spécialiste installé désormais en Belgique.
La plupart des médecins choisissent leur métier par vocation. Certains ne trouvent pas leur place dans le système français. D'autres, simplement, n'en peuvent plus et envisagent de se tourner vers le privé, ou encore de partir loin des grandes villes… jusqu'à choisir de quitter la France pour exercer dans un autre pays. Et même si l'expérience n'est pas facile, ceux qui choisissent l'expatriation expliquent vivre cela comme un soulagement et retrouver le goût pour la médecine et la recherche.
En effet, « les possibilités sont bien plus grandes qu'en France. Même s'il y a toujours ce risque de voir ses financements interrompus du jour au lendemain… Ceci dit, si mon activité de laboratoire s'arrête, j'ai toujours celle de médecin. Je trouve mon équilibre entre les deux. » affirme le Dr Touzot, aujourd'hui immunopédiatre au CHU Sainte-Justine, à Montréal (Canada).
Un manque de reconnaissance et un modèle hiérarchique lourd
« On nous demande de maintenir les lits et l'activité, mais avec moins de personnel ». Ces conditions de travail, en plus d'être délétères, ne bénéficient d'aucune reconnaissance de la part de l'administration hospitalière, précise le Dr Touzot, évoquant des échanges « surréels » pendant les réunions avec son administration.
Les médecins français souffrent aussi d'un modèle hiérarchique jugé très lourd. Après des années d'études, s'ils souhaitent par exemple devenir chef de clinique, ils devront passer un concours aboutissant à une année supplémentaire en internat, dans un statut précaire, puis attendre plusieurs années avant d'espérer avoir un poste. Dans les hôpitaux universitaires, le chef de service a une position directrice très forte et il n'y a que très peu de renouvellement. Le système mis en place renforce donc certains dans leurs volontés de partir, et pour cause, les problèmes avec la hiérarchie sont plus souvent le facteur décisif que la rémunération. A l'étranger, on observe souvent des modes de fonctionnements qui allègent le poids de la hiérarchie, comme au Québec, « les praticiens exercent avec très peu de pression hiérarchique, le titre de professeur est purement universitaire. Il a peu de valeur honorifique et, surtout, n'implique pas de subordination entre les praticiens » illustre le Dr Touzot.
Une rémunération trop insuffisante
En parallèle de la surcharge de travail et du manque de considération, les médecins déplorent une rémunération largement insuffisante en France. Les praticiens français cumulent des années de vie étudiante précaire, la constante hausse des impôts et des charges sociales, et voient ainsi leurs revenus diminuer d'année en année, « je devais prendre un peu plus sur mes économies pour faire face à mes dépenses. J'avais alors un chiffre d'affaires annuel de 125 000 euros et un bénéfice net de 54 000 euros » confirme Dr Stéphane Lambert, médecin généraliste expatrié à Savigny, qui après 10 ans en Suisse, estime avoir une qualité de vie incomparable : « Je travaille moins. Ma rémunération a quasiment triplé. Mon activité est en hausse depuis quelques mois, tout en continuant à travailler quatre jours par semaine ».
De manière générale, les médecins expatriés rapportent gagner l'équivalent ou plus qu'en France mais avec moins de contraintes.
Bien que les avantages de l'expatriation soient attirants, le constat reste néanmoins à nuancer : les médecins français doivent par exemple souvent passer des équivalences avec des stages de plusieurs mois voire années avant d'être reconnus dans leur spécialités. Par ailleurs, dans nombreux pays d'Europe, il manque aussi des soignants et les conditions de travail restent éprouvantes.
Pour en savoir plus, consultez le rapport complet sur Medscape :
https://francais.medscape.com/expatriation-medecins-francais
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[1] Enquête sur la rémunération des médecins : l'impact COVID. (2021, 4 mai). Medscape. https://francais.medscape.com/diaporama/33000235
[2] Le nom a été modifié
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